Griffonnages

Blog de Michel Brouyaux

L’échec d’une utopie. Une histoire des gauches en Israël.

« Le meilleur livre sur Israël qu’il m’a été donné de lire au cours de la dernière décennie »

(extrait de la préface de Michel Warschawski)

Ce passionnant livre retrace l’histoire des gauches en Israël qu’on peut, très schématiquement, diviser en deux pôles : la gauche sioniste, qui a très longtemps dirigé le pays, et la gauche anti-sioniste, qui a toujours été minoritaire. La première a toujours privilégié le soutien presque automatique à la politique sécuritaire préconisée par les militaires, ce qui l’a éloignée des valeurs de droit et de justice qu’elle était censée défendre. Au final, « les Palestiniens des Territoires occupés perçoivent mal les divergences entre gauche et droite sionistes. Du sionisme soi-disant progressiste, les Palestiniens n’ont vu que la soldatesque et les colons. »

Quant à la gauche non sioniste, elle a le plus grand mal à subsister, d’autant que ses militants sont de plus en plus stigmatisés comme traîtres à la patrie.

Ce que le titre du livre ne précise pas, c’est qu’il s’agit aussi d’une histoire générale d’Israël depuis sa fondation. Dans sa préface, Michel Warschawski souligne à juste titre que le livre « est sans doute le meilleur livre sur Israël qu’il m’a été donné de lire au cours de la dernière décennie. (…) il nous offre un panorama extrêmement pointu de la politique israélienne et de l’évolution de la société qui la sécrète. »

Parmi tant de chapitres intéressants, relevons, par exemple, celui que l’auteur consacre à la Guerre des six jours de 1967, une opération préparée de longue date et faussement justifiée par une inexistante menace existentielle.

Ou encore le passage consacré à l’offre dite généreuse d’Ehud Barak aux négociations de Camp David, qui s’avérera un marché de dupes.

Augmenté d’une bibliographie extrêmement riche, le livre de Thomas Vescovi est, tout simplement, indispensable.

Michel Brouyaux


Soirée cinéma-Palestine à Namur

D’après une histoire vraie, une liaison adultérine entre une femme juive et un palestinien aux conséquences inattendues et dramatiques pour eux et leurs conjoints, emportés par le conflit qui agitent les deux communautés de Jérusalem faisant des deux amants une cible privilégiée des forces de sécurité israélienne.

Voir la bande annonce.

Si vous souhaitez être des nôtres pour cette soirée,
merci de réserver vos places via line.gerbovits (arobase) pac-namur.be.

À diffuser sans modération.


L’absente, de Lionel Duroy

9782260029229Depuis « Le Chagrin », j’attends toujours avec gourmandise le nouveau livre de Lionel Duroy.

Cette fois, le narrateur, Augustin, subit – littéralement – un nouveau déménagement : il doit vendre sa maison, suite à son divorce, et cette catastrophe lui en rappelle une autre, vécue dans son enfance, quand les huissiers avaient chassé toute sa famille de son appartement.

Peut-être pour se distraire de cette perte, il entame, le coeur en charpie, un périple un peu désordonné vers divers lieux qui l’avaient charmé naguère. Read the rest of this entry »


Et j’entendrai comme l’écho de la voix d’Angelo

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Le 8 août 1956, à 8h10, un incendie se déclare dans la mine du Bois du Cazier, à Marcinelle. Ce sera une des plus grandes catastrophes civiles en Belgique: 262 morts,dont de très nombreux travailleurs immigrés italiens.
Du 8 au 22 août, une centaine de sauveteurs risqueront tout, dans l’enfer de la chaleur et des gaz mortels, pour tenter de ramener leurs camarades à la surface.

Dans un livre bouleversant qui vient de paraître, Marcel Leroy rend hommage à celui qui restera le symbole de ces hommes courageux: Angelo Galvan, dit «Le Renard» («Là où l’air passe, le Renard passe»). Retraçant le parcours de l’homme — d’abord simple mineur, puis partisan en Italie, enfin «chef porion»­ —, Marcel Leroy, qui l’a longuement rencontré bien des années plus tard, nous fait en même temps revivre le drame.

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Comment devient-on un écrivain engagé ?

jennar_malrauxDans ma jeunesse, on nous faisait étudier « La Condition humaine ». Avec quelques autres, (notamment, si j’ai bonne souvenance, le Bernanos des « Grands cimetières sous la lune » ), Malraux était pour nous le type-même de l’écrivain engagé.

Il ne l’a pas toujours été. Né dans un milieu relativement modeste, André Malraux est, en 1923, un dandy. En dépit des efforts de son épouse Clara pour l’intéresser à la question sociale, il n’aime rien tant que briller dans les salons où, tiré à quatre épingles, il éblouit son monde par son esprit et sa vaste culture.

Il part avec Clara en Indochine le 13 octobre 1923, à 22 ans. Quand il en revient, deux ans plus tard, il est devenu un compagnon de route des révolutionnaires. Que s’est-il passé pendant ces 26 mois ?

C’est cette période de sa vie, bizarrement peu traitée par ses biographes, que Raoul-Marc Jennar nous raconte dans ce livre : « Comment Malraux est devenu Malraux » (1). Read the rest of this entry »