CETA, quand l’Europe déraille
En octobre dernier, au terme (provisoire) de la saga CETA qui avait vu la Wallonie résister à toutes les pressions et à toutes les menaces, Paul Magnette nous avait promis un livre « qui dirait tout ».
Il a tenu parole : CETA, quand l’Europe déraille vient de paraître aux éditions Luc Pire, et il se lit comme un roman (désolé pour le cliché !).
Porte-parole de la volonté populaire
Le Président de la Région wallonne retrace l’historique de l’opposition aux traités « de libre-échange » – en Wallonie et ailleurs – et rappelle les raisons de leur rejet. Dans un style simple et clair, il souligne qu’il n’a jamais été question de refuser le commerce international, mais de lui imposer des règles. Il s’agissait d’empêcher les entreprises transnationales de dicter dorénavant nos lois, au détriment des conquêtes dans le domaine social, sanitaire ou alimentaire. Il s’agissait de protéger nos travailleurs, nos PME, nos agriculteurs, nos services publics, face au big business. En même temps, il fallait en finir avec l’opacité de négociations menées par des technocrates non élus et n’ayant donc de compte à rendre à personne.
Bref, c’est l’histoire d’un combat démocratique, racontée par un de ses principaux acteurs. Un acteur, en même temps, bien conscient d’avoir été le porte-parole et le défenseur d’une volonté populaire exprimée clairement par la « société civile » et par le Parlement wallon.
Chrystia, oh, Chrystia …
Comme on pouvait l’espérer, on trouve quelques révélations croquignolettes : ne ratez pas les quelques pages concernant Chrystia Freeland (Mais si, vous savez : cette ministre canadienne qu’on a vue en pleurs face à la caméra) et l’incroyable proposition qu’elle fait au ministre…
Il y a aussi des choses moins drôles : qu’il s’agisse des injonctions comminatoires du président Donald Tusk, ou de l’absence de solidarité de la social-démocratie européenne, on sent l’amertume. Extrait :
Que nos alliés socialistes ne nous soutiennent pas, c’est une chose, mais qu’ils se liguent pour nous faire céder est un signe de plus que la social-démocratie européenne est profondément désunie. Nos collègues socialistes iront même jusqu’à écrire une lettre ouverte à Elio Di Rupo, l’invitant à se réjouir avec eux des vertus du CETA. Quelques jours plus tard, je parviendrai à convaincre Martin Schultz de renoncer à publier cette lettre, qui, après l’abandon d’Alexis Tsipras (…), pourrait être une deuxième démonstration que la gauche européenne n’existe plus.
C’est loin d’être terminé !
Il reste que le Parlement wallon est le seul en Europe à avoir étudié, deux ans durant, le dossier du CETA.
Il reste que les parlementaires wallons ont défendu, sans se laisser intimider, des valeurs et des principes qui dépassent de loin le cadre wallon. Ces femmes et ces hommes ont relayé les exigences de la société, c’est-à-dire de leurs électeurs.
Et il reste que, quelles que soient les désaccords qu’on puisse avoir avec Paul Magnette, il faut admettre qu’il a fait le job, comme on dit aujourd’hui. Dans le dossier CETA, qui transcendait largement le clivage gauche-droite, (comme l’ont prouvé les mobilisations des agriculteurs, des dirigeants de PME, des associations de consommateurs, des mutuelles…), il a, avec constance, relayé les revendications des citoyens.
C’est donc un livre qu’il faut lire, bien sûr pour y retrouver le souvenir exaltant des journées d’octobre, mais surtout pour garder en mémoire les raisons d’un combat qui est loin d’être terminé.
Dans cet esprit, on relira avec profit, en annexe du livre, la Déclaration de Namur.
CETA, quand l’Europe déraille.
Editions Luc Pire
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