Griffonnages

Blog de Michel Brouyaux

L’absente, de Lionel Duroy

9782260029229Depuis « Le Chagrin », j’attends toujours avec gourmandise le nouveau livre de Lionel Duroy.

Cette fois, le narrateur, Augustin, subit – littéralement – un nouveau déménagement : il doit vendre sa maison, suite à son divorce, et cette catastrophe lui en rappelle une autre, vécue dans son enfance, quand les huissiers avaient chassé toute sa famille de son appartement.

Peut-être pour se distraire de cette perte, il entame, le coeur en charpie, un périple un peu désordonné vers divers lieux qui l’avaient charmé naguère.

L’Absente tient du roman, du journal intime et du road movie à travers le temps et l’espace. Des rencontres improbables, des découvertes inattendues, qui n’écartent cependant pas Augustin de sa quête : explorer les blessures de l’enfance et peut-être comprendre, enfin, sa mère.
La mère dont il a soigneusement évité le regard, sa vie durant, tant elle lui faisait peur.

Mais comment celle-ci, se demande-t-il, avait-elle survécu sans l’écriture ? L’écriture qui sauve car, par elle, on accède à la vraie vie. Extrait de l’adresse, magnifique, à la disparue :
Si tu arrives à transformer ta détresse en une œuvre, tu seras sauvée. Ecrire, ce sera comme si tu t’élevais soudain de la lourde terre pour t’accorder une autre vie qui te permettra de regarder de haut la première, celle où tu marches aujourd’hui à tâtons, stupide et aveugle. Ecrire te rendra inaccessible à la bêtise et à la cruauté du monde.

En même temps, l’écriture permet le dévoilement progressif des événements, qui finissent par livrer leurs secrets. Le roman réserve, en effet, après pas mal de rebondissements, quelques surprises… Et notamment quand, fidèle à sa marque de fabrique, l’auteur mêle la petite et la grande Histoire.

Et c’est ainsi que, pour notre grand bonheur, Lionel Duroy, fasciné par l’effrayant chaos que chaque adulte porte en lui, persiste à faire de sa vie une oeuvre littéraire.

P.S. : Au cours d’une conversation avec Lionel Duroy, à la Foire du Livre de Bruxelles, je lui avais posé la question : pourquoi écrire ?
Il avait eu cette réponse merveilleuse :
on écrit pour comprendre.
Tout est dit.

L’Absente. Lionel Duroy, éditions Julliard.


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